
«Je venais de recevoir la foudre. Il était temps de partir moi aussi en exploration,de prendre le même balluchon que le type peint avec sa longue barbeblanche. Moïse sans doute. Si à son âge, il le pouvait, alors moi aussi! Le signal dudépart était donné. Qu’allais-je trouver, comment envisager ma route? Di cile àdire, mais le mouvement devait s’enclencher.Quitter le nid où je végétais était impératif, parce que le foutu vide qui grignotaitchaque jour un peu d’espace n’allait pas disparaître par magie. Chaquejour passé augmentait ma frousse de ne pas savoir comment orienter ma vie... orj’avais un destin à écrire et très envie de lui donner des contours d’exception. Passelon les préceptes paternels, non, plutôt à ma façon. Le tableau avait transformémon désir en résolution. Façonner mon destin, loin de Paris, s’imposait. Et s’ilfallait renoncer à la toile de sécurité tendue sous mes pieds depuis l’enfance, celame convenait car j’allais la troquer contre une liberté de faire et de mouvement.Un grand soulagement s’en suivit. Comme l’otage fraîchement libéré, j’exultai.La perspective d’aventures, d’expériences venait d’aspirer le vide qui m’avaitfait sou rir. La force de l’aimant, capable de m’arracher à ma petite vie actuelle,me remplissait.Quitter Paris, d’accord. Respirer un air inconnu, génial. Mais lequel ? Il étaittemps qu’ils découvrent qui était Yvanoé. Aussi loin que remontent mes souvenirs,ils disent cependant combien mon départ dans la vie avait de quoi déroutermon monde, e rayer mes parents.»