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Dans La Comédie humaine, Balzac pourfend à diverses reprises un modèle français incarné par ceux qui dans chaque département représentent le pouvoir central : les préfets. À ses yeux, la Nation tout entière serait comme prisonnière de «fils lilliputiens» maniés par les représentants d’un État «centralisateur». Brocardés par toute une littérature au xixe siècle, ces mêmes préfets ont souvent été perçus, depuis Tocqueville, comme les héritiers naturels des intendants. Si cette idée d’une continuité entre les efforts «centralisateurs» de la monarchie dès l’Ancien Régime et l’influence du «jacobinisme» sur la France a été remise en cause par les historiens, force est de constater qu’elle imprègne aujourd’hui encore l’historiographie et le «grand public». Il est vrai que certaines continuités existent entre les hommes que le pouvoir central a tour à tour choisis comme représentants dans les provinces, car le contrôle et la connaissance du territoire national restent fondamentaux pour tout pouvoir. Différents personnages se sont ainsi succédé au fil des temps et ont matérialisé en France la présence concrète d’un État par nature abstrait.

Tous ces personnages ont été l’objet d’appréciations sévères, voire de légendes noires pérennes, tant il est vrai que la critique de l’État et de son poids est presque devenue une sorte de sport national. Alors que la France est entrée depuis 1982 dans une phase dite de «décentralisation» et que fleurit un discours capable de vanter les vertus du «global village» mondial autant que les mérites d’une politique de «proximité», le présent ouvrage entend rappeler ce qu’ont été les hommes du pouvoir dans les provinces françaises du xviie siècle à 1800, avec leurs similitudes aussi bien qu’avec leurs profondes différences. Le lecteur y trouvera matière à réflexion sur notre modèle national de res publica, sur ses racines ainsi que sur nombre d’idées reçues.

Michel Biard est Docteur en histoire et professeur d’histoire du monde moderne et de la Révolution française à l’Université de Rouen. Il a publié notamment Missionnaires de la République (CTHS, 2002).

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Les lilliputiens de la centralisation

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Des intendans aux préfets, les hésitations d'un

Dans La Comédie humaine, Balzac pourfend à diverses reprises un modèle français incarné par ceux qui dans chaque département représentent le pouvoir central : les préfets. À ses yeux, la Nation tout entière serait comme prisonni&e

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Auteur(s): Biard, Michel

Editeur: Editions Champ Vallon

Collection: La chose publique

Année de Publication: 2007

pages: 413

Langue: Français

ISBN: 978-2-87673-462-3

eISBN: 979-10-267-0525-3

Dans La Comédie humaine, Balzac pourfend à diverses reprises un modèle français incarné par ceux qui dans chaque département représentent le pouvoir central : les préfets. À ses yeux, la Nation tout entière serait comme prisonni&e

Dans La Comédie humaine, Balzac pourfend à diverses reprises un modèle français incarné par ceux qui dans chaque département représentent le pouvoir central : les préfets. À ses yeux, la Nation tout entière serait comme prisonnière de «fils lilliputiens» maniés par les représentants d’un État «centralisateur». Brocardés par toute une littérature au xixe siècle, ces mêmes préfets ont souvent été perçus, depuis Tocqueville, comme les héritiers naturels des intendants. Si cette idée d’une continuité entre les efforts «centralisateurs» de la monarchie dès l’Ancien Régime et l’influence du «jacobinisme» sur la France a été remise en cause par les historiens, force est de constater qu’elle imprègne aujourd’hui encore l’historiographie et le «grand public». Il est vrai que certaines continuités existent entre les hommes que le pouvoir central a tour à tour choisis comme représentants dans les provinces, car le contrôle et la connaissance du territoire national restent fondamentaux pour tout pouvoir. Différents personnages se sont ainsi succédé au fil des temps et ont matérialisé en France la présence concrète d’un État par nature abstrait.

Tous ces personnages ont été l’objet d’appréciations sévères, voire de légendes noires pérennes, tant il est vrai que la critique de l’État et de son poids est presque devenue une sorte de sport national. Alors que la France est entrée depuis 1982 dans une phase dite de «décentralisation» et que fleurit un discours capable de vanter les vertus du «global village» mondial autant que les mérites d’une politique de «proximité», le présent ouvrage entend rappeler ce qu’ont été les hommes du pouvoir dans les provinces françaises du xviie siècle à 1800, avec leurs similitudes aussi bien qu’avec leurs profondes différences. Le lecteur y trouvera matière à réflexion sur notre modèle national de res publica, sur ses racines ainsi que sur nombre d’idées reçues.

Michel Biard est Docteur en histoire et professeur d’histoire du monde moderne et de la Révolution française à l’Université de Rouen. Il a publié notamment Missionnaires de la République (CTHS, 2002).

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